Comprendre le quotidien

Cela vous est sûrement déjà arrivé : vous essayez de communiquer avec votre enfant, de lui faire comprendre quelque chose (« On retourne à la maison… » ou « non, on ne prend pas la voiture »), …et rien ne se passe. Malgré vos efforts pour lui expliquer, vous vous heurtez à son incompréhension : il ne fait rien ou il manifeste son mécontentement et il résiste, il devient difficile… Comment faire pour clarifier votre message et faciliter sa compréhension ?

Dans la communication, il y a deux aspects : l’émission d’un message et sa compréhension.

communicatie zender ontvanger

Un message est transmis et compris par différents canaux de communication : le canal verbal, le canal auditif, le canal visuel et le canal tactile.

Ces deux aspects du langage (réceptif et expressif) sont aussi importants l’un que l’autre. Dans ce chapitre, nous allons aborder tout ce qui concerne la compréhension d’un message par les personnes avec autisme. L'aspect expressif est abordé dans le texte 'S'exprimer'.

L’autisme et la compréhension

Comprendre implique de pouvoir sélectionner et traiter les différentes informations autour de nous. L’autisme s'accompagne de problèmes de compréhension :

  • du langage verbal et non verbal ;

     Que me dit-on ? 
     Que me demande-t-on ?

  • de son environnement.

     Qu’attend-on de moi ?
     Où va-t-on ?
     Qu’est-il prévu après ?

Les personnes avec autisme ont souvent peu de réponses claires à ces questions… car elles éprouvent des difficultés à :

Comprendre le langage verbal et non verbal
Les personnes avec autisme ont des difficultés à comprendre les mots, les gestes, les expressions émotionnelles et corporelles, les sous-entendus, les concepts abstraits, l’intonation dans la voix… Celles qui ont un bon niveau intellectuel ont, quant à elles, des difficultés, notamment, à comprendre les expressions au second degré (avoir le coup de foudre, se creuser la tête).

Exemple

  • Comprendre que si je parle à quelqu’un et qu’il regarde sa montre, cela signifie que je l’ennuie, qu’il doit partir…
  • Comprendre que la consigne implicite, au téléphone, « Ta maman est là ? » veut aussi dire « Appelle ta maman ».
  • Comprendre l’ironie lorsque quelqu’un dit « Il fait chaud, hein ? » alors qu’il fait -10° dehors…
  • Connaître tous les mots d’une phrase, les aspects syntaxiques, décoder les mots clés de la phrase et établir des liens entre les mots : si on dit à Jean-Marc « Aujourd’hui, on ne va pas à la piscine », il s’énerve devant la porte parce qu’il a compris qu’il allait à la « piscine ». En fait, il a bien repéré le mot « piscine » mais n’a pas compris la négation.
  • Comprendre l’intonation d’une phrase : Matthias répond souvent oui quand on s’adresse à lui. Il ne comprend pas si c’est une question ou un commentaire.

Réceptionner et traiter les informations sensorielles
Ces informations sensorielles peuvent perturber la compréhension des messages verbaux et non verbaux.

Exemple

 

 

Lors d’un repas, savoir suivre une conversation alors que plusieurs discussions se déroulent en même temps. 

Comprendre les informations en fonction du contexte

Exemple

 

 

Une main levée à un carrefour par un agent en uniforme ne signifie pas la même chose que celle d'un étudiant en classe. 

Comprendre et gérer ses émotions, ses sentiments et comprendre ceux des autres (empathie)

Exemple

 

  • Comprendre le langage des yeux.
  • Savoir si maman est fâchée ou contente.
  • Comprendre que les larmes apparaissent tant lors d’une grande tristesse que de fous - rires.

S’adapter aux différents contextes et à la nouveauté

Exemple

  • Pour Michel, être bien habillé, c’est avoir un costume. Etre habillé autrement, c’est ne pas être soigné. Résultat, il ne veut pas mettre un jean lorsqu’il va au cinéma avec des amis.
  • « On ne cueille pas les fleurs dans le jardin ». Depuis que Louis a appris cette règle, il est toujours très irrité lorsqu’il passe devant un fleuriste. Il ne comprend pas pourquoi le fleuriste peut ‘cueillir’ des fleurs.
  • La maman de Karl lui demande de prendre le pot de choco dans l’armoire. Karl cherche après le choco mais dit qu’il ne le trouve pas. Quand sa maman vient voir, le pot de choco se trouve à sa place habituelle : Karl n’a pas reconnu le pot de choco car sa maman a acheté une nouvelle marque.

L’autisme et le besoin de visualisation

Les personnes avec autisme ont des difficultés à comprendre le langage et leur environnement. Par contre, elles comprennent mieux les mots écrits, les images, les photos ou les objets parce que ce sont des indices visuels stables et concrets. Ces supports visuels sont donc plus significatifs pour elles, y compris pour celles qui savent lire ou écrire.

Exemple

 

Gaëtan peut respecter les règles de conduite à tenir en rue (tenir la main de son frère, ne pas courir sur la route, …) mais, il a besoin qu’elles soient écrites dans un carnet.

Les indices visuels font partie de notre vie quotidienne et pourtant, nous comprenons les mots ! Pensez à tous les symboles, les pictogrammes que vous rencontrez au quotidien et qui structurent notre environnement : les signalisations du code de la route, les symboles des produits dangereux, de la météo, les indications routières, le symbole des toilettes, l’heure...

symbolen pictorgrammen straat

Tout le monde utilise et a besoin de ces symboles, tout le monde comprend mieux une image qu’un discours. Votre enfant qui a des difficultés de compréhension en a donc plus que besoin pour l’aider à mieux appréhender son environnement.

Exemple

Je pense en images. Pour moi, les mots sont comme une seconde langue. Je traduis tous les mots, dits ou écrits, en films colorés et sonorisés; ils défilent dans ma tête comme des cassettes vidéo. Lorsque quelqu'un me parle, ses paroles se transforment immédiatement en images. Ceux dont la pensée est structurée en langage ont souvent du mal à comprendre ce phénomène, mais dans mon métier - je conçois des équipements industriels - penser en images est un formidable atout.
Temple Grandin