L'influence de la composition familiale

Les enfants cadets donnent le sentiment d'être plus éprouvés et débordés par l'autisme de leurs aînés. Ils apparaissent plus démunis, utilisant moins la confrontation avec leur frère. Ils semblent également plus perdus quant à leur identification, ne pouvant s'appuyer sur les repères de l'aîné. En effet, ils dépassent souvent cet aîné, et ce, dans la plupart voire dans la majorité des domaines. La position de l'enfant cadet se distingue de celle de l'aîné notamment par l'accueil que les parents lui réservent. En effet, les cadets naissent presque toujours à un moment où l'autisme a déjà envahi la vie et la pensée des parents.

Un aîné ou une aînée va vivre la naissance d’un frère ou d’une sœur puis l’inquiétude des parents à l’égard du développement de cet enfant. Dans les situations préoccupantes, les aînés, surtout les filles, se trouvent plus fréquemment dans une relation de protection et d'apprentissage (aide à la réalisation de tâches) par rapport à leur cadet en difficulté. Par ses modes relationnels toujours identiques (parentification, résignation, impuissance), l'aîné ne permet pas au cadet ayant de l'autisme d'être considéré comme enfant dans la fratrie. Il est soit dans une position de parent envers lui, soit dans une position d'acceptation sans borne, inhibant toute agressivité, ou encore dans une position où il ne le contre pas et se laisse envahir par ses comportements

Dans une fratrie de deux enfants, l'enfant est seul à porter les difficultés et les questionnements qu'engendre la présence d'un frère ou d'une sœur ayant de l'autisme. Il ne peut s'identifier à un autre enfant dans la fratrie. La relation fraternelle est duelle et souvent alimentée de jeux physiques. L'enfant est donc privé dans ses expériences fraternelles de jeux symboliques plus élaborés, faisant appel à son inventivité et à sa créativité.

À l'inverse, dans des familles de plus de deux enfants, la problématique peut s'étayer sur plusieurs personnes où chacune endosse un rôle particulier. Les difficultés peuvent s'exprimer, se partager dans la famille, en dehors de la présence des parents. La fratrie peut alors jouer un rôle de ressource pour chacun de ses membres, sans que les parents n'interviennent.

Notons que dans certaines familles, plus d’un enfant présente un trouble du spectre autistique, les relations au sein de la fratrie sont souvent plus impactées par la différence et les comportements étranges.