L'autisme et les sentiments

Différemment sensibles

Il ne fait aucun doute que les personnes avec autisme éprouvent des sentiments. Elles ne sont pas insensibles mais elles expérimentent le monde différemment. Et donc aussi de leur propre point de vue. 

Lachend kind

Les personnes avec autisme éprouvent des difficultés à comprendre les signaux de leur propre corps (c'est ce qu'on appelle l'intéroception, la capacité à évaluer son activité physiologique). Par exemple, les enfants qui ont de l’autisme ne savent pas toujours quand leur vessie est pleine, ce qui entraîne des problèmes d’apprentissage de la propreté. Il y a aussi des personnes avec autisme qui ne se sentent ni rassasiées ni fatiguées. C'est précisément la capacité de lire les signaux de son propre corps qui constitue la base des sentiments. Parce que les sentiments ne sont pas différents des mots que nous attachons aux sensations physiques : rythme cardiaque accéléré + tension musculaire + respiration plus rapide + bouche sèche + mains moites = peur. 

Il arrive parfois que les personnes avec autisme ne captent pas ces signaux corporels. Parfois, une personne avec autisme sait qu’elle ressent quelque chose, mais pas ce qu’elle ressent. Le cerveau ne peut pas donner de sens à l’expérience corporelle. Donna Williams, une femme ayant de l’autisme, l'exprime ainsi : « De nombreuses personnes avec autisme ont des problèmes pour traiter les sensations corporelles et voir comment elles sont liées ou non aux sentiments. »

Si vous ne pouvez pas comprendre votre propre corps ou ne pouvez pas lire correctement ses signaux et que vous ne savez donc pas (correctement) ce que vous ressentez, il devient également difficile d'exprimer et de communiquer vos sentiments.

Par conséquent, différents comportements peuvent survenir chez les personnes avec autisme, qui s’apparentent à une insensibilité d’une part et à une hypersensibilité d’autre part. Ou bien les sentiments sont confus parce que le contexte de l’expérience n’est pas bien traité. Donna Williams donne l'exemple suivant : « Quand je vois quelqu'un pour qui j'éprouve une profonde affection, mon corps réagit. Mon cœur bat plus vite et ma respiration devient plus profonde. Or, si mon cerveau associe la formule « accélération du rythme cardiaque + respiration profonde » avec la peur et qu’il connait aussi la formule qui dit "avec peur, tu dois soit fuir, soit attaquer", alors je réagis envers l'autre personne comme s'il représentait un danger pour moi, je rencontre quelqu'un que j'aime et pourtant je suis - à cause de la mauvaise association dans mon cerveau - enclin à détourner le regard de cette personne, à s'en éloigner ou même à la repousser. »